Harraga – Harragas

Combien sont-ils ces harraga qui ont pris le large pour ne plus revenir ?

Archive for Mai 2007

L’art harraga

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Emigration clandestine. Thème d’inspiration

Depuis Harraga, le roman célinien de Boualem Sansal paru chez Gallimard en 2005, le sujet éponyme se pare de succès, nourrissant l’imaginaire de moult écrivains et autres artistes de tout acabit.

Hamid Skif, sur le même thème, a écrit un roman saisissant Géographie du danger qui a reçu en mars dernier le prix de l’Association des écrivains de langue française et a été traduit en allemand et en italien. Il déclarait dans ces mêmes colonnes : « Les écrivains sont des sentinelles, des vigiles (…). Il est donc tout à fait logique que Boualem Sansal et moi-même ayons eu pour souci de parler de ces amères réalités qui font que nos enfants tentent le tout pour le toutpour aborder les rivages de leurs rêves. Notre actualité est pleine de ces aventures désespérées qui se terminent parfois par la mort. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Là est la question. Il ne s´agit pas d’un effet de mode, mais d´une interpellation du réel, du désespoir qui mine notre jeunesse. J´aurais aimé écrire un autre roman mais le thème s´est imposé à moi et continuera à hanter d´autres auteurs. » (El Watan, Arts & Lettres, 25 janvier 2007). Certes, les œuvres liées au thème de l’émigration, clandestine ou pas, sont nombreuses. Kateb Yacine écrivait déjà en 1959, dans Le Cercle des représailles : « Le mal de mer/ Est sans remède / Un passager sur deux vous le dira. » On retiendra notamment Babor l’Australie de Fellag qui, en 1990, puisait dans le phénomène des « boat people » pour rire de notre bêtisier national que nous peinons à jeter à la mer. Mais force est de constater un regain d’intérêt pour le sujet et ce, au gré d’une conjoncture qui propulse nos clandos au devant de l’actualité pour en faire des héros modernes mais aussi des victimes de l’histoire. Dans le domaine cinématographique, le thème de l’émigration n’est évidemment pas nouveau. Depuis les années 1970, il s’est épanché sur des kilomètres de pellicules, surtout sous le prisme de la condition de l’immigration algérienne en France. Songeons par exemple à Ali au pays des mirages (Alg. 1978) de Ahmed Rachedi réalisé sur un scénario de Rachid Boudjedra. Récemment, il y a eu un film qui tournait autour des fantasmes de « el harba » (la fuite) chez les jeunes. Nous pensons à Roma wala n’touma (Rome plutôt que vous) de Tarik Teguia, primé au Festival de Thessalonique, en Grèce. Cependant, il n’y a pas eu encore de film, dans le circuit commercial s’entend, sur le sujet des « barques people ». Comprendre ce phénomène relativement nouveau qui consiste à émigrer dans des « botis », ces pateras au nom bizarre qui sonne un peu raï, déformation lexicale de « boat » ou de « bateau », donnant lieu à de véritables « boti-people » pour brûler les frontières maritimes (harraga signifiant brûleur). Et voilà qu’un jeune cinéaste tout à fait exceptionnel décide de consacrer justement un opus à ce mode migratoire. Un long métrage. Son nom est Samir Dellal. Il a l’âge de ces harraga, mais lui, il a le chic – pour ne pas dire le toupet – de faire le chemin inverse que ces morpions et faire par la même occasion un pied de nez au mythe de l’émigration, avec ses houris et ses sirènes. Samir est parti en France à l’âge de 14 ans avant de s’installer à Düsseldorf, en Allemagne. Après quinze ans d’exil, il rentre au bercail en 2002 avec un diplôme de cameraman dans la poche obtenu à Paris. Après avoir chômé pendant trois ans, il fonde, moyennant un prêt Ansej, une boîte de production : Dell Pictures par référence à Dellal, son patronyme. Il commence par des films publicitaires, des clips « alimentaires » pour Hakim Salhi, Cheb Abbès et autre Salim El Marseillais. Il fait une petite fiction rigolote intitulée Rezk ennass lennass avec la comédienne Bakhta. Il le propose à l’ENTV. Mais « l%2

Mustapha Benfodil

Written by elharraga

31 Mai 2007 at 4:50

Six harraga à Liverpool

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Le 21 mars 2007, Akram B., Naceredine K., Amar Boumaïza R., Soufiane C., Abdelghani B. Cherif B., des jeunes avaient pris place à bord d’une embarcation légère pour une périlleuse traversée à destination des côtes italiennes.

Ils étaient de ces jeunes Algériens d’Annaba et de sa région à avoir choisi ce moyen pour immigrer clandestinement et fuir le chômage et le malvivre. Depuis, ils n’avaient plus donné signe de vie. Leurs proches étaient restés sans nouvelles d’eux. Mais voilà que ce samedi 5 mai, le téléphone portable d’un de leurs amis resté au pays sonne. Il affichait un numéro inconnu sur le registre des opérateurs téléphoniques en Algérie. C’était Akram B. qui appelait à partir de la ville de Liverpool en Grande-Bretagne. « Je n’en croyais pas mes oreilles, moi, qui tout autant que ses parents, avais cru qu’Akram avait été emporté par la mer, c’était bien lui. Avant de me parler de son aventure qu’il a vécue avec les cinq autres harraga et qui aurait pu tourner au drame, il m’a informé qu’il a été pris en charge dans un camp de transit à Liverpool, en Angleterre », dira Abdelaziz, un de ses camarades de quartier. Il devait également prendre la mer, mais il s’était rétracté quelques heures avant le grand départ. La nouvelle de l’appel téléphonique d’Akram s’est aussitôt répandue sur tout le territoire de la commune chef-lieu de wilaya. Dans les cafés et sur les places publiques, on a laissé de côté les discussions sur les opportunistes inscrits pour la course aux législatives, pour se concentrer sur ce que tout un chacun qualifie de véritable miracle des 6 aventuriers. Faute de carburant, le moteur de leur embarcation s’était arrêté dans les eaux d’une mer Méditerranée en furie. Comme une épave, leur barque de pêche, acquise par un jeune dans le cadre du programme de l’Etat d’aide aux jeunes pêcheurs, avait tangué durant 2 jours et 2 nuits au gré des vagues hautes de plusieurs mètres. Au 12 e jour de leur escapade en mer et au 3 e sans vivres ni eau, alors que le désespoir les avait gagnés, ils furent repêchés tous les six, en vie, par un navire américain, le Regatta, de la compagnie Oceania Cruise Lines. Après quatre escales du navire en différents ports de la Méditerranée, dont Israël, avec à chaque fois le refus de les accueillir, ils furent remis aux autorités portuaires de Liverpool. Placés dans un camp de transit où toutes les commodités ont été mises à leur disposition, y compris un téléphone portable pour chacun d’eux, ils attendent leur rapatriement vers l’Algérie.

M. F. Gaïdi

Written by elharraga

8 Mai 2007 at 5:50